Rôle de l’imagerie motrice dans l’apprentissage de mots
Le projet IM-APP s’intéresse à l’impact de l’imagerie motrice kinesthésique (IMK) sur l’apprentissage de nouveaux mots. S’inscrivant dans la théorie de la cognition incarnée, il postule que la compréhension et la mémorisation du langage sont étroitement liées aux expériences sensori-motrices. L’IMK, qui consiste à s’imaginer en train d’exécuter un mouvement en focalisant sur les sensations associées, est déjà utilisée en rééducation motrice et pourrait également favoriser l’acquisition du vocabulaire. Des études récentes ont montré que le fait d’associer une action mentale à un mot améliore la rétention mnésique et la compréhension sémantique. Les mécanismes impliqués dans cette stratégie seraient en lien avec des mécanismes de simulation motrice qui propose qu’une simulation mentale modale se réalise lors de l’accès aux concepts. Le fait de renforcer ces liens permettrait une meilleure consolidation de l’apprentissage, notamment dans le cadre de l’apprentissage de mots. Cependant, ces approches nécessitent d’être testées dans un cadre expérimental rigoureux et appliquées à des contextes éducatifs concrets. Ce projet repose sur trois opérations de recherche. D’abord, il s’agira d’évaluer l’effet d’un entraînement à l’IMK sur l’apprentissage de nouveaux mots en comparant des participants pratiquant l’IMK avec un groupe contrôle. Cette méthode sera ensuite testée auprès d’apprenants du français en tant que langue seconde (L2), en collaboration avec le Centre Universitaire d’Études Françaises (CUEF) de Grenoble, afin d’évaluer sa pertinence pour l’enseignement des langues. En Parallèle, une base de données psycholinguistique sera élaborée pour répertorier les propriétés sensorimotrices des mots français, en s’inspirant de bases similaires existantes en anglais et en italien. Les résultats attendus incluent une amélioration significative de l’apprentissage des mots grâce à l’IMK, particulièrement pour les mots concrets et les objets manipulables, ainsi qu’une optimisation des stratégies pédagogiques pour les apprenants en L2. L’impact de cette recherche pourrait s’étendre à l’éducation, en proposant des méthodes innovantes pour l’apprentissage du vocabulaire, ainsi qu’à la neuropsychologie, en explorant le rôle des mécanismes moteurs dans la cognition langagière.
Partenaires du projet IMAPP
PALLUEL-GERMAIN Richard ; LPNC
PERRONE-BERTOLOTTI Marcela ; LPNC
ABOU HAIDAR Laura ; LIDILEM
CARRAS Catherine ; LIDILEM
NEW Boris ; LPNC
Léna JAHIER, doctorante projet IMAPP
Qui est-elle ?
La licence de psychologie ainsi que le master Recherche en psychologie suivis à l’Université Grenoble Alpes m’ont permis d’identifier un champ d’étude qui suscite particulièrement mon intérêt : la cognition incarnée. Ce domaine de recherche met en lumière le fait que notre raisonnement ne repose pas uniquement sur des règles abstraites, formelles et immuables, mais qu’il résulte de l’interaction constante entre notre corps et son environnement.
Au cours des deux années de master, j’ai mené un travail de recherche sous la direction de Richard Palluel-Germain et de Marcela Perrone-Bertolotti, avec l’encadrement supplémentaire de Mariam Bayram la première année. Ce projet visait à examiner l’effet d’un entraînement à l’imagerie motrice kinesthésique sur l’apprentissage de nouveaux mots. Un tel entraînement consiste à s’imaginer réaliser des mouvements tout en se concentrant sur les sensations corporelles associées, notamment musculaires et articulaires. L’hypothèse de départ était que ce type de pratique permettrait de pré-activer les circuits cérébraux liés à la motricité, facilitant ainsi leur mobilisation lors de tâches d’apprentissage lexical ultérieures. Dans ce cadre, nous avons mené plusieurs expériences comparant les performances mnésiques d’un groupe ayant suivi un entraînement en imagerie motrice à celles d’un groupe contrôle.
La présente thèse a pour objectif de prolonger et d’élargir ce travail. En effet, les résultats obtenus jusque-là se sont révélés hétérogènes selon les tâches et les expériences. Une première étape consistera donc à améliorer le design expérimental afin d’évaluer plus finement l’existence de l’effet attendu, ainsi que les conditions favorisant son émergence. Par ailleurs, nous appliquerons ce protocole au contexte de l’apprentissage du français langue seconde chez des adultes, en collaboration avec Laura Abou Haidar et Catherine Carras du Centre Universitaire d’Études Françaises (CUEF).
De façon transversale, cette recherche inclura également le développement d’une base de données psycholinguistiques de normes sensorimotrices. Si des ressources comparables existent déjà en anglais et en italien, il n’existe pas encore de base aussi exhaustive en français. Or, de nombreuses études en cognition incarnée soulignent l’importance de contrôler le degré d’implication motrice du matériel linguistique dans ce type de travaux.
À travers cette thèse, mon objectif est de contribuer à une meilleure compréhension des relations entre motricité et langage, tout en développant des outils pratiques pour l’apprentissage des langues et pour les recherches futures dans ce domaine.

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