De l’Instrumentation pour une Séparation nez-bouche vers un Modèle Acoustique des Voyelles nasales
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AAP Collaboratif et Méthodologique 2025
Partenaires du projet :
Nathalie Vallée (GIPSA Lab)
Solange ROssato (LIG)
Gang Feng (GIPSA Lab)
CONTEXTE
La nasalité et les processus de nasalisation dans les langues sont des phénomènes étudiés dans divers domaines tels que le traitement du signal, l’acoustique, la phonétique, la phonologie, la dialectologie ou la linguistique historique. Pourtant, ces disciplines ne se croisent pas toujours, bien que les spécialistes s’accordent pour reconnaître que la nasalisation est un phénomène dynamique et complexe, dont les mécanismes linguistiques, physiques et physiologiques restent encore mal compris. La structure acoustique des voyelles et consonnes nasales complique la recherche des corrélats perceptifs de la nasalité, malgré son importance dans la phonologie : elle est présente dans 97 % des inventaires consonantiques mondiaux et plus d’une langue sur cinq distingue voyelle orale et voyelle nasale.
Les études acoustiques des sons nasaux ont un intérêt scientifique majeur. Les modèles actuels font intervenir un couplage acoustique entre les conduits buccal et nasal, générant un spectre complexe composé de pôles et de zéros. Ce couplage dépend à la fois de la forme des conduits et de la position du velum, qui peut articulatoirement connecter les cavités nasales et orales sans forcément laisser de trace identifiable dans le signal acoustique. Par ailleurs, l’amplitude du geste du velum est plus importante pour les voyelles nasales que pour les consonnes nasales en français. Malgré ces modélisations, la complexité des spectres produits rend difficile l’explication précise de la structure acoustique des productions nasales. Développer une méthode pertinente pour caractériser ces spectres est essentiel pour mieux comprendre l’émergence, la réalisation, l’évolution, la perception et la catégorisation des voyelles nasales.
Dans une étude antérieure, Feng et Kotenkoff (2006) ont utilisé un dispositif permettant d’isoler séparément les sorties bouche et nez lors de la production de sons nasaux. Ce dispositif a montré que la sortie buccale restait principalement de type « orale » même lors d’une production nasale, évoluant avec l’abaissement du velum, tandis que la sortie nasale était caractérisée par les propriétés physiques du conduit pharyngo-nasal malgré le couplage des deux conduits.
ALLER PLUS LOIN GRÂCE AU SOUTIEN DU LABEX CerCoG
Le projet ISMA-Vn s’inscrit dans ce contexte en visant à exploiter une version améliorée du dispositif de Feng pour enregistrer séparément les sorties nez et bouche lors de productions nasales. Un corpus d’enregistrements sera constitué auprès de dix locuteurs francophones en laboratoire dans des conditions contrôlées. Ces données permettront de confronter les modélisations acoustiques aux enregistrements réels, en comparant la fonction de transfert modélisée de la sortie buccale à l’enregistrement de la sortie bouche seule, et de même pour la sortie nasale.
Cette approche permettra de valider un modèle acoustique des productions nasales et d’éclairer la notion complexe de couplage acoustique, encore largement débattue dans la communauté scientifique. Par ailleurs, une étude perceptive impliquant une vingtaine de locuteurs natifs sera réalisée pour analyser la catégorisation phonologique des signaux nez et bouche séparés, et ainsi valider les corrélats acoustico-perceptifs des productions nasales.
Le soutien du LabEx CerCoG sera déterminant pour mener à bien ce projet innovant, qui vise à faire progresser la compréhension des phénomènes de nasalité par une méthodologie rigoureuse combinant modélisation, enregistrement expérimental et analyse perceptive.
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