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UMINNA

Uses and Misuses of International Nonproprietary Names through corpus Analysis

AAP Soutien stage 2025, Recherche

Partenaires du projet :
Camille BIROS ILCEA4
Benjamin BOUCHERLE DPM
Caroline ROSSI ILCEA4

CONTEXTE

L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), dont la mission est d’améliorer la santé à l’échelle mondiale, a mis en place en 1950, à travers la résolution WHA3.11, le Programme des Dénominations Communes Internationales (DCI, ou INN en anglais) pour les substances pharmaceutiques. Ce programme, fondé sur l’expertise d’un comité de spécialistes, vise à attribuer à chaque substance pharmacologiquement active un nom unique et standardisé. Plus de 10 000 DCI ont été créées à ce jour, avec environ 400 nouvelles entrées chaque année. Ces dénominations s’appuient sur un système de nomenclature structuré, régi par des principes généraux précis, et sont ensuite translittérées dans plusieurs langues, dont le français, afin d’en garantir la diffusion mondiale.

Initialement dérivées des noms chimiques, les DCI sont aujourd’hui construites autour d’un segment-clé (ou « stem »), qui reflète le mode d’action pharmacologique de la substance. Par exemple, le suffixe -triptan est réservé aux agonistes des récepteurs à la sérotonine, utilisés dans le traitement de la migraine. Ce segment est précédé d’un préfixe arbitraire, choisi pour éviter toute connotation et pour rester phonétiquement accessible dans la majorité des langues. Certains sons ou combinaisons de lettres sont ainsi exclus de la nomenclature afin de limiter les risques d’ambiguïté.

Ce système de nommage participe à l’objectif de santé publique de l’OMS en rendant accessible un langage commun et neutre sur les substances pharmaceutiques. Du fait de leur structure morphologique codifiée, les DCI portent une information classificatoire précieuse, qui pourrait favoriser la compréhension des mécanismes pharmacologiques sous-jacents. Notre hypothèse est qu’une plus large diffusion de ces termes dans les discours ordinaires contribuerait à des mécanismes cognitifs facilitant l’apprentissage des propriétés des médicaments. Pour tester cette idée, il est pertinent d’analyser les usages des DCI dans différents types de discours, notamment en les comparant aux noms de marque des médicaments, largement répandus dans le langage commun.

Le projet proposé consiste à étudier l’apparition et le traitement des DCI dans des corpus variés : presse généraliste, publications scientifiques spécialisées, et, potentiellement, productions d’étudiants en pharmacie. Il s’agira notamment d’identifier les contextes dans lesquels les DCI sont mobilisées, les éventuels commentaires métalinguistiques qui les accompagnent, et de comparer leur usage à celui des noms de marque pour des molécules identiques. À titre d’exemple, les couples fluoxétine / Prozac, diazépam / Valium, ou ibuprofène / Advil feront l’objet d’une première série d’analyses contrastives.


CONTRIBUTION DE L’ÉTUDIANT

Le travail confié à l’étudiant s’articulera autour d’une analyse linguistique appliquée aux DCI, avec pour objectif de mieux comprendre les conditions discursives et contextuelles qui favorisent leur emploi. Dans un premier temps, il devra identifier les corpus disponibles pertinents pour cette étude, en anglais (et éventuellement en français), et en comparer les caractéristiques : presse généraliste, presse spécialisée, corpus scientifiques, corpus liés à un contexte particulier comme celui de la pandémie de Covid-19, ou corpus pédagogiques issus de la formation pharmaceutique.

Dans un second temps, l’étudiant développera des requêtes en Corpus Query Language (CQL) permettant d’extraire et de quantifier les occurrences des DCI dans les différents corpus, en s’appuyant sur leurs propriétés morphologiques distinctives. Il réalisera également une analyse contrastive des usages des couples DCI / noms de marque, et identifiera les reformulations, gloses ou commentaires métalinguistiques susceptibles d’accompagner ces dénominations. Ce travail permettra de mettre en évidence les critères d’activation de ces termes dans différents contextes.

Enfin, sur la base des premiers résultats, l’étudiant proposera une synthèse méthodologique visant à dégager des recommandations pour la poursuite des recherches sur l’usage des DCI. Cette synthèse inclura une réflexion sur les spécificités terminologiques des DCI, les freins potentiels à leur diffusion, ainsi que leur rôle possible dans l’acquisition de connaissances pharmacologiques. L’ensemble de ce travail s’inscrit dans une démarche interdisciplinaire mêlant linguistique, terminologie et sciences de la santé.

Publié le 30 janvier 2025

Mis à jour le 15 mai 2025